Dans un Amendement fourre-tout (voir ICI)
dans lequel on trouve notamment la consigne ou des objectifs de collecte des bouteilles en plastique, il est introduit un objectif de réduction du nombre de bouteilles en plastique à usage unique pour boisson mises sur le marché.
L'Amendement indique sur ce sujet:
"Elle* se donne également pour objectif de réduire de 50 % d’ici à 2030 le nombre de bouteilles en plastique à usage unique pour boisson mises sur le marché." (*La France).
Alors que des collectivités et des grands recycleurs ont lutté et luttent avec acharnement contre la mise en place rapide d'une consigne pour les bouteilles en plastique invoquant notamment les pertes financières auxquelles elles pourraient être soumises par le transfert de la collecte de ce gisement, très rentable, des bouteilles en plastique vers d'autres opérateurs (on a entendu le mot "hold-up"), on n'entend pas ces mêmes opposants à la consigne venir critiquer cette disposition législative qui à terme pourrait faire disparaître le gisement pour tout le monde.
Certes, trop de bouteilles en plastique finissent dans la nature. C'est une hérésie écologique qu'il n'est plus nécessaire de démontrer, les images parlant d'elles-mêmes et les différentes ONG luttant contre la pollution par les plastiques dans les océans nous le rappellent avec raison.
Mais c'est aussi une hérésie économique car ces bouteilles (En PET, PP ou PEHD le plus souvent) sont des ressources qui peuvent être récupérées pour refaire après traitement, de nouveaux produits. C'est le principe de la circularité.
Or, la bouteille en plastique est en France le produit le moins mal récupéré/recyclé. Le moins mal, car la France est très en retard en terme de collecte des déchets plastiques et de recyclage de ces mêmes déchets. Tout ce qui est collecté n'est pas malheureusement recyclé faute d'investissements majeurs dans des centres de tri et de recyclage de même niveau que ce que l'on peut retrouver en Allemagne notamment.
La bouteille en plastique fait partie des produits qui constituent l'un des plus gros gisements de matière plastique à recycler malgré une collecte à parfaire. La mise en place de la consigne pour les bouteilles en plastique est une excellente mesure si elle est mise en place rapidement sans attendre d'hypothétiques études (à notre sens très difficiles à mettre en oeuvre) par l'ADEME telle que prévues par le même Amendement.
Quelle contradiction entre d'un côté une volonté politique pour un accroissement de l'incorporation de matière recyclée dans différents produits et de l'autre, une diminution à venir de matière plastique recyclée à incorporer!
Ce qui va se passer est très simple: Les plasturgistes qui seront pour certains de leurs produits (et notamment les emballages plastiques) tenus d'incorporer plus de matière recyclée vont aller chercher de la matière première recyclée ailleurs dans des pays européens notamment
qui ne vont absolument pas adopter des mesures similaires à ce que la France prépare pour la simple et bonne raison qu'ils ont déjà fait les investissements nécessaires et mis en place depuis longue date la consigne (on pense encore à l'Allemagne). Ils ne vont pas ruiner ET leur filière de plasturgie ET leur filière du recyclage.
L'UE dans ses directives n'impose nulle part une réduction de la mise sur le marché des bouteilles en plastique pour les boissons.
Quelle contradiction entre le "consommer-acheter local" et in fine l'achat à des centaines voire des milliers de kilomètres de rPet ou rPP qui sera rendue nécessaire par la diminution du gisement que programme notre législateur avec l'aval du gouvernement.
Hormis l'impact économique et social, quelle hypocrisie à venir parler de réchauffement climatique et du CO2 des voitures quand on va mettre sur la route des camions transeuropéens pour alimenter le marché français en plastique recyclé.
La France est aujourd'hui en bonne voie de tuer son marché intérieur d'économie circulaire qui d'une certaine manière, pourrait être un fleuron national industriel, pour le transférer à d'autres.